Jean Paulet Potier
BIO
Né en 1931 Jean Paulet fit partie de ces adolescents qui cherchaient à la sortie de la guerre un idéal nouveau, une reconstruction des valeurs mises à mal dans leur enfance.
Il s’était nourri des romans de Giono et de ses espoirs dans un retour à la nature et à sa simplicité première.
Au sortir du collège, il était à la charge d’une mère veuve, le dernier d’une famille de 5 enfants et était donc tout à fait décidé à gagner sa vie au plus vite ; c’est pourquoi il s’orienta vers ce qui était encore alors encore un métier utilitaire: la poterie.
Sa formation se fit à l’école de Fontcarrade à Montpellier, proche de son domicile et lui permit de côtoyer un public disparate d’ouvriers et d’artistes venus se former là, tel le sculpteur César.
Muni de ce seul bagage, il quitta en vélo le domicile maternel et partit gagner sa vie comme tourneur .Les divers emplois qu’il occupa l’emmenèrent à Anduze dans le Gard, à Aubagne dans les Bouches-du-Rhône entre autres.
Tournant tout le jour de la poterie utilitaire, de grandes jarres, des pièces en série, il restait encore dans la vision de l’époque qui était celle d’une poterie culinaire, d’usage domestique.
Mais de retour à Montpellier il décida de se créer un atelier personnel dans un petit mas de garrigue et s’employa à la production de pièces uniques .Il s’agissait non plus de fournir de l’utile mais de créer des formes. A cela s’ajoutait son idéal de simplicité naturelle qui lui fit préférer la terre cuite polie, à l’émail alors en vogue. Plusieurs expositions à Montpellier vinrent confirmer avec succès cette recherche.
Comme ii cuisait ses pièces dans un four à bois de sa construction avec toujours le même souci de simplicité naturelle, il finit par incendier le mas qu’il occupait et dut aller chercher un abri ailleurs.
Il chercha à se fixer dans une habitation rurale ; l’atelier de poterie de St Jean de Fos, de vieille renommée, l’avait attiré mais il fermait alors ses portes. Dans le village voisin de St Guilhem le désert alors peu connu du public et partiellement inhabité, il trouva la boulangerie du lieu fermée ; elle possédait un magnifique four à bois très ancien. Il en obtint la location et commença dans ce lieu un long travail de plus de cinquante ans.
Ses premières productions s’apparentaient encore à la poterie locale classique : cruches, bougeoirs, grands plats, pots arrondis, tous conservaient la couleur beige rosé uniforme de la terre de ST Jean de Fos où il allait s’approvisionner dans l’ancienne carrière de la fabrique. Mais la flamme du four à pain qu’il avait quelque peu transformé, variait les nuances ajoutait des éclats rougeoyants ou de grandes traces brunes et noires.
Très vite cet atelier isolé fut connu et fréquenté par le public lui apportant une certaine renommée que vinrent confirmer divers articles de presse et quelques expositions. Un séjour à Paris lui permit une formation à l’école nationale de Sèvres où il travailla en compagnie de J.Mayodon, céramiste de renom et s’expérimenta au tournage de la porcelaine.
De l’admiration qu’il portait à la poterie grecque antique, il gardait l’envie de travailler uniquement sur les variations de couleur de la terre sans y ajouter vernis ni émail. . C’est à cette époque aussi que se fit sa rencontre avec Loul Combres, céramiste aujourd’hui renommé pour la qualité de son œuvre et pour ses innovations, avec qui il partagea son goût de la terre cuite au four à bois.
Il utilisa donc des engobes qui lui permettaient d’obtenir des tons plus clairs ou plus foncés, des bruns très sombres ; en même temps les pots qu’il tournait prenaient des formes plus diversifiées, moins utilitaires mais offraient de larges panses dont la surface permettait des décors à l’engobe. Les paysages de garrigue, les collines des alentours, apparaissaient en rouge bruns et beige.
Il abandonna la terre de St Jean de Fos pour celle d’une autre ancienne carrière du voisinage, celle d’Argeliers
Vint alors une autre période où il accompagna ses variations de couleur de gravures et de relief sur les surfaces fraichement tournées. Les motifs floraux étaient les plus fréquents, la feuille du mythique junko entre autre orna nombre de ses productions où la forme et le décor prenaient une égale importance dans la recherche.
Ces sculptures se détachèrent même totalement du pot dont elles émergeaient, les panses se transformèrent en visage, devinrent parfois des corps sortis de l’argile.
Puis le mariage des engobes rouges, des argiles blanches avec les décors gravés produisirent des pots au décor gravé, en relief et bi ou tricolore.
Dans une même recherche de simple plaques, gravées s’ornèrent de paysages où le hasard de la flamme avait sa part de création.
Il travailla dans cet atelier de St Guilhem jusqu’aux premières années du 21 ème siècle et ne cessa son activité que lorsque la difficulté du tournage au pied et de la cuisson au bois devinrent trop pesants.
Pendant quelques années il chercha encore à réaliser de nombreux mécanismes en papier reproduisant le mouvement perpétuel avec des créations de formes diverses.
Il est décédé à Canet, le 17 mai 2012.
Christiane Paulet 2016
Photographie et réalisation du site Dominique Cruchet